Propos recueillis par Pascale Caron
Le 23e Salon des Entreprenariales a accueilli Jean-Pierre Goux, écrivain et président de OneHome et Biosphere Economics, pour une conférence exceptionnelle intitulée « La Révolution bleue : comment rendre la transition écologique désirable et irrésistible ? ». Cette conférence organisée par la Tribune Côte d’Azur, a permis d’explorer un projet ambitieux mêlant science, écologie et narration collective pour transformer notre rapport à la planète.
Dès le début de son intervention, Jean-Pierre Goux a partagé l’origine intime de sa réflexion. Né à Nice en 1973, il a grandi en observant le bleu fascinant du ciel niçois. Cet émerveillement enfantin s’est rapidement allié à une prise de conscience écologique. A l’âge de cinq ans, un livre sur les espèces en voie de disparition l’a profondément marqué, semant en lui les graines d’un engagement de vie. Pour Goux, cette couleur, symbole de rêve et d’intensité, est devenue le fil conducteur de sa quête : réconcilier l’humanité et la biosphère.
Cette passion pour le bleu s’est nourrie de son adolescence au lycée Masséna, et au MAMAC où il découvre l’œuvre d’Yves Klein, maître du Bleu Klein. Klein avait souhaité « peindre le monde en bleu » pour élever l’esprit humain, un projet que Jean-Pierre Goux s’est approprié pour en faire une métaphore d’une transformation écologique globale.
Jean-Pierre Goux a souligné le rôle crucial des récits dans le changement des mentalités. Selon lui, l’humanité manque aujourd’hui d’un mythe moderne capable de catalyser une transition écologique irrésistible. En s’appuyant sur l’évolution biologique et cosmologique, il propose une vision poétique et scientifique où l’humanité devient un organe de la biosphère, contribuant à son équilibre.
Pour illustrer cette idée, il évoque l’image emblématique de la Terre vue depuis l’espace. Cette photographie, surnommée Blue Marble, prise pendant la mission Apollo 17, a permis à l’humanité de se découvrir pour la première fois comme une entité unifiée. Ce « regard depuis l’extérieur » a transformé les astronautes, éveillant en eux un profond amour pour la Terre — un sentiment que Goux souhaite partager avec tous les humains à travers ce qu’il appelle l’Overview Effect. Jean-Pierre Goux a ensuite présenté des images satellites animées de la Terre, accompagnées d’une musique d’Agoria. Un moment contemplatif pour rappeler l’urgence et la beauté de notre planète. Ce projet, lancé par son ONG OneHome, incarne le premier pilier de cette révolution bleue : reconnecter l’humanité à la Terre pour faire émerger un futur durable.
Les obstacles à la transition : décomposer pour mieux comprendre
Malgré les efforts considérables déployés dans différents secteurs — économie circulaire, biomimétisme, régénération des sols, et bien d’autres — Jean-Pierre Goux constate un « plafond de verre » bloquant une transition à grande échelle. Cela réside dans l’impossibilité collective d’imaginer une vision unifiée et désirable pour l’humanité.
Il s’inspire des crises passées, telles que la « grande oxydation » qui a transformé la Terre il y a 2,3 milliards d’années. Il propose de repenser l’humanité comme un organisme capable de s’adapter et d’évoluer vers une forme plus harmonieuse : Homo Biospheris. Ce nouveau récit, nourri par des concepts comme l’économie régénérative et l’amour de la Terre, pourrait être le moteur d’une transition irrésistible.
Le Petit Prince : un symbole universel pour une humanité en transition
Jean-Pierre Goux a réinterprété Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry comme une allégorie puissante pour l’humanité. Selon lui, le Petit Prince représente un collectif humain rêvant d’une existence en osmose avec la Terre. À travers ce symbole, il imagine une humanité capable de prendre soin de la planète, d’explorer de nouveaux horizons, et de coexister avec les autres formes de vie.
Sa trilogie romanesque La Révolution bleue, dont le premier tome La Petite Princesse est paru récemment, traite de cette métamorphose de l’humanité. Dans cette œuvre, il tisse des liens entre narration, écologie et science pour offrir une vision optimiste et inspirante de notre futur.
Il a invité le public à rêver d’une humanité transformée, capable de dépasser ses limites actuelles pour embrasser une relation d’amour avec la biosphère. Par son approche mêlant science, art et philosophie, il a démontré que la transition écologique peut devenir un projet collectif enthousiasmant. Un moment inspirant.