Interview de Pablo Fernández d’ArtinLeap

Propos recueillis par Pascale Caron

Notre startup basée à Sophia Antipolis, a été créée pour transformer la manière dont les entreprises interagissent avec l’intelligence artificielle. Nous aidons les entreprise à adopter l’IA. Nous mettons l’accent sur la responsabilité écologique et une éthique centrée sur l’humain. Nous proposons des solutions sur mesure qui favorisent la durabilité, protègent la confidentialité des données et répondent à des défis commerciaux complexes. Avec nous, les entreprises optimisent leurs opérations tout en minimisant leur empreinte carbone. Nous développons des modèles d’IA écologiques, qu’on appelle Small Language Models (SLM), imaginés pour réduire la consommation d’énergie et de ressources. On conçoit également des systèmes multi-agents où l’IA collabore étroitement avec les utilisateurs humains pour améliorer l’efficacité organisationnelle.

Nous automatisons les processus grâce à des chatbots intelligents capables de gérer des tâches répétitives tout en enrichissant l’expérience utilisateur. On accompagne aussi les entreprises dans l’intégration stratégique de l’IA, en veillant à la confidentialité et à la sécurité des données. Enfin, on propose des programmes de formation en IA, adaptés aux universités, écoles et sociétés, pour préparer les générations futures à cette révolution. Nous savons que des défis comme la résistance culturelle à l’adoption de l’IA, le manque d’objectifs clairs ou l’insuffisance d’expertise freinent souvent les projets. Pour y répondre, nous mettons en place une approche méthodique et progressive, à la fois sur le plan technologique et organisationnel. En somme, on ne se contente pas de développer des solutions innovantes, on accompagne aussi le changement nécessaire pour en tirer le meilleur parti.

 

Quel aspect unique de votre secteur vous a poussé à intégrer l’IA, et comment cela a-t-il transformé vos opérations ?

On est intrinsèquement liés à l’IA, puisque notre conception même s’appuyait sur son exploitation pour révolutionner les actions commerciales. Dès le début, nous avons identifié un besoin crucial chez nos clients : automatiser leurs processus tout en garantissant la sécurité des données et la durabilité écologique. Ainsi, nous avons imaginé six étapes d’adoption pour guider les entreprises dans leur transformation numérique avec l’aide de l’IA. Nous proposons une évaluation complète, une définition stratégique claire, le développement de preuves de concept et de systèmes. Nous nous intégrons avec les infrastructures existantes. Nous formons des collaborateurs pour lever les freins, et effectuons un suivi rigoureux pour garantir la pertinence et la qualité des données.

En appliquant ces mêmes pratiques à ArtinLeap, nous avons réalisé notre propre modèle de langage de grande ambition, le LLM, basé sur le cloud décentralisé. Cette innovation répond aux soucis croissants de confidentialité des données. Ce modèle a ouvert la voie à la finalisation de notre système Multi-Agent, EcitonX. Nous utilisons l’IA quotidiennement dans nos opérations. Pour coder plus efficacement Copilot est notre allié. Nous avons recours à des preneurs de notes intelligents lors de réunions, ou nous nous faisons aider pour l’élaboration de contenu texte ou image. L’impact est immense : nous sommes plus rapides, mais aussi plus créatifs.

 

Quelles innovations inattendues ont émergé à la suite de l’adoption de l’IA dans votre entreprise ?

La réalisation d’EcitonX, un système Multi-Agent à vocation humaine, est apparue comme l’une de nos avancées les plus significatives. Ce système est conçu autour de l’idée d’avoir un agent d’IA pour chaque membre de notre équipe, un partenaire numérique reflétant le rôle et les responsabilités des employés. Ces agents ne se contentent pas de fournir des informations, mais engagent activement avec les collaborateurs de l’entreprise, contribuant à une prise de décision participative éclairée. Ils sont autonomes dans la communication entre eux, ce qui facilite une coordination des tâches fluide et efficace. Cette capacité à coopérer non seulement entre eux, mais aussi avec des humains, représente une avancée majeure pour ArtinLeap. L’objectif à long terme est d’intégrer ce système dans un réseau d’agents autonomes hiérarchiques, ce qui pourrait révolutionner la manière dont nous percevons le travail collectif et la productivité au sein des sociétés.

 

 Comment avez-vous surmonté les défis culturels lors de l’adoption de l’IA ?

L’IA chez ArtinLeap s’est intégrée simplement du fait de notre identité, car nous sommes des « digital natives ». Par contre, lors de nos missions de conseil, nous avons souvent rencontré des enjeux importants dans des compagnies moins orientées vers la technologie. Ils proviennent principalement d’une résistance au changement, d’une peur légitime du remplacement par l’IA et d’une perception erronée de l’IA comme un centre de coûts plutôt qu’un levier de croissance.

C’est pour cela que l’on commence par évaluer la maturité en IA de l’entreprise.
Nous examinons d’abord l’engagement du leadership et leur compréhension des potentialités offertes par l’IA. On s’assure que la direction est prête à s’impliquer activement dans le processus d’intégration, car leur soutien est crucial pour le succès de tout bouleversement organisationnel. Ensuite, nous étudions l’infrastructure existante et la qualité des données disponibles. Une fondation technologique solide est requise pour l’épanouissement des solutions IA. La compétence et l’expertise en matière d’IA et de gestion des données sont également évaluées. Nous devons comprendre si la structure dispose de talents capables de conduire le projet à terme ou si des investissements en formation sont nécessaires.
Il faut s’assurer de la volonté de l’entreprise et de ses employés de faire confiance à des systèmes automatisés pour soutenir des décisions. Le niveau de gouvernance de l’IA est une autre facette que nous inspectons, veillant à ce que les politiques et procédures appropriées soient en place pour garantir une utilisation responsable des technologies d’IA.
Enfin, nous observons comment l’IA est intégrée dans les opérations quotidiennes et les produits. Les employés doivent être inclus tout au long du processus. Avec des programmes de formation adaptés, l’IA est perçue comme un partenaire de progrès plutôt qu’une menace. Nous guidons les entreprises vers une adoption sereine de l’intelligence artificielle, en levant les résistances pour une innovation continuelle.

 

 Quels changements positifs avez-vous observés dans la dynamique de votre équipe grâce à l’IA ?

L’introduction de l’IA chez ArtinLeap a conduit à des transformations notables. Avec AI Copilot, nous avons été capables de coder plus efficacement, réduisant drastiquement les erreurs et accélérant le cycle de développement. Cela libère du temps pour des projets d’innovation et ainsi stimule la créativité au sein du groupe. La satisfaction client est également amméliorée. L’accent que nous mettons sur des solutions durables et centrées sur l’humain a renforcé un sentiment de fierté et de motivation au sein de l’équipe. Les collaborateurs se sentent non seulement valorisés, mais aussi partie prenante d’une mission qui a un impact positif sur la société.

 

Quel conseil essentiel donneriez-vous aux PME hésitant à franchir le pas vers l’IA ?

Pour les PMEs, adopter l’IA est devenu une nécessité incontournable pour rester compétitive dans un marché en constante évolution. Je recommanderais de ne pas penser que l’IA est une menace ou un simple coût : c’est un investissement et une formidable opportunité de renforcer la capacité d’innovation et l’efficacité opérationnelle. L’IA doit être intégrée graduellement et de manière et structurée, débutant par les bénéfices et les risques associés. La direction doit s’engager pleinement dès le départ, car elle qui servira de catalyseur pour un changement positif à travers toute l’organisation. Ils n’ont pas besoin de devenir des experts en IA, mais ils doivent comprendre comment l’IA peut transformer leurs processus et soutenir leurs objectifs commerciaux. Cela passe par l’allocation d’un budget dédié, l’établissement d’une stratégie IA claire et cohérente, et la définition d’une politique d’usage de l’IA au sein de l’entreprise. Une fois que le management montre l’exemple, les employés sont plus enclins à s’impliquer.

La formation continue des collaborateurs est la clé. Le véritable enjeu n’est pas le remplacement de l’humain par l’IA, mais l’émergence d’une intelligence collective mixant les deux. En démarrant avec de petits projets pilotes, les sociétés peuvent prouver la faisabilité et la valeur ajoutée de l’IA, ce qui motive les équipes et renforce leur engagement. Celle-ci permet d’améliorer la productivité, la satisfaction client, et même de générer de nouvelles opportunités commerciales. En adoptant une philosophie où l’IA complète et amplifie les compétences humaines, les entreprises peuvent réaliser des avancées significatives en matière de compétitivité et de croissance durable.