Lors de son discours d’ouverture du World AI Cannes Festival (WAICF) 2025, Clara Chappaz, ministre déléguée à l’intelligence artificielle et au numérique, a mis en avant les ambitions de la France dans ce domaine en pleine expansion. Entre investissements massifs, structuration des écosystèmes d’innovation et vision d’une IA éthique et inclusive, la France affirme son leadership technologique tout en consolidant son rôle dans la régulation et l’innovation.
L’IA, moteur de transformation territoriale et économique
Dès l’entame de son allocution, Clara Chappaz a souligné l’importance de l’IA au sein des territoires. Contrairement aux idées reçues, l’IA ne se limite plus aux grandes métropoles comme Paris, mais progresse activement dans tout le pays. Elle a notamment mis en avant le rôle de l’Université Côte d’Azur, devenue un pôle d’excellence en matière d’IA grâce à un financement étatique de 20 millions d’euros pour le développement de formations spécialisées.
L’un des aspects clés de cette dynamique repose sur la construction d’infrastructures adaptées. L’IA, gourmande en puissance de calcul, nécessite des centres de données modernes et efficaces. À cet égard, la ministre a salué l’annonce de la société suédoise Evroc, qui prévoit l’installation d’un centre de données d’envergure à Mougins. D’autres projets similaires sont en cours à Nice et Cannes, témoignant de l’attrait croissant du sud de la France pour les investisseurs technologiques.
Des investissements stratégiques pour accélérer l’innovation
L’IA est devenue un enjeu de souveraineté technologique. Depuis 2018, la France a massivement investi dans le domaine, et cette tendance se renforce. En début de semaine le Président a annoncé un budget de 109 millions d’euros qui sera alloué à la construction d’infrastructures dédiées à l’IA, afin de garantir un environnement propice à l’émergence de modèles performants.
L’éducation est également un axe majeur de cette stratégie. À partir de septembre 2025, des cours obligatoires sur l’IA seront intégrés aux programmes scolaires pour les élèves de 9 à 14 ans. L’objectif est double : sensibiliser les jeunes aux enjeux de cette technologie et leur fournir les outils nécessaires pour en tirer parti de manière responsable. Cette initiative vise aussi à accompagner les enseignants dans l’usage de l’IA dans leurs méthodes pédagogiques.
Sur le plan économique, l’adoption de l’IA dans les services publics constitue une autre priorité. Un partenariat entre France Travail et Mistral AI illustre cette volonté : l’IA y sera utilisée pour optimiser la gestion des offres et améliorer l’accompagnement des demandeurs d’emploi. L’objectif est de libérer du temps aux agents pour qu’ils puissent se concentrer sur l’aspect humain de leur mission.
Un cadre réglementaire équilibré entre innovation et éthique
La régulation de l’IA en Europe suscite de nombreux débats. La ministre a insisté sur l’importance d’un cadre réglementaire garantissant à la fois la sécurité et l’innovation. « La régulation est essentielle pour instaurer la confiance », a-t-elle affirmé, tout en précisant que l’Europe ne devait pas se limiter à ce rôle. Elle a rappelé que la compétitivité et l’innovation doivent rester au cœur des préoccupations des États membres.
La France milite pour une approche équilibrée, combinant exigences réglementaires et soutien à la recherche et au développement. Cette vision a été partagée par Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron, qui souhaitent positionner l’Europe comme un acteur de premier plan, dans la course à l’IA.
Dans cette optique, la France s’engage activement dans la promotion de l’open source, afin de rendre les avancées en IA accessibles à un plus grand nombre de pays et d’entreprises. L’open source est un levier clé pour démocratiser l’accès aux technologies et favoriser un développement équitable de l’IA à l’échelle mondiale.
L’IA, une opportunité et un défi sociétal
Clara Chappaz a également abordé une question centrale : l’impact de l’IA sur la société. Elle a tenu à déconstruire les craintes liées à cette technologie, souvent perçue comme une menace pour l’emploi et la vie privée. Selon elle, l’IA ne doit pas être vue comme un facteur de remplacement des humains, mais comme un outil d’optimisation et d’amélioration des conditions de travail.
Cependant, elle a reconnu les inquiétudes liées à la manipulation des données et aux risques de désinformation. Pour répondre à ces défis, la France met l’accent sur la transparence et la compréhension des mécanismes de l’IA. Une gouvernance claire et inclusive est nécessaire pour garantir un usage responsable et éthique de ces outils. La ministre a insisté sur le rôle des entreprises dans cette transformation. Les startups et grandes entreprises doivent s’engager à développer des solutions IA respectueuses des valeurs européennes et axées sur l’intérêt général. L’IA peut ainsi jouer un rôle déterminant dans des domaines clés comme la santé, l’éducation et la transition écologique.
La France, acteur clé du dialogue international sur l’IA
L’un des aspects majeurs du AI Summit 2025 a été la dimension internationale des discussions. Plus de 60 pays se sont réunis à Paris pour débattre des enjeux de l’IA, témoignant de la position centrale de la France dans cette dynamique globale. Clara Chappaz a rappelé que l’IA ne doit pas être un privilège réservé aux pays technologiquement avancés, mais une opportunité partagée par tous.
Dans ce contexte, la France souhaite renforcer les collaborations internationales pour promouvoir une IA inclusive et bénéfique à l’ensemble de la population mondiale. La ministre a notamment souligné l’importance de la coopération en matière de recherche et d’innovation, soulignant que seule une approche collective permettra de maximiser le potentiel de l’IA.
L’objectif est de bâtir un cadre global favorisant à la fois l’innovation et la protection des citoyens. Pour y parvenir, la France continuera de jouer un rôle moteur dans la définition des normes internationales et la mise en place de politiques favorisant un développement éthique et responsable de l’IA.
Un avenir prometteur pour l’IA en France et en Europe
Le discours de Clara Chappaz au WAICF 2025 a clairement affirmé la volonté de la France de s’imposer comme un leader mondial en matière d’intelligence artificielle. Grâce à des investissements massifs, une politique d’éducation ambitieuse et une vision équilibrée entre régulation et innovation, la France se positionne comme un acteur clé de la transformation numérique mondiale. L’IA représente un formidable levier de croissance et d’amélioration de la société, à condition qu’elle soit encadrée de manière responsable. La France entend relever ce défi en mettant l’accent sur la transparence, l’accessibilité et la coopération internationale. Alors que la course à l’IA s’intensifie, le pays se donne les moyens de rester à l’avant-garde, tout en veillant à ce que cette révolution technologique profite à tous.