L’essor de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde des affaires rend indispensable une gouvernance claire et active au niveau des conseils d’administration.

Cependant, les connaissances et la préparation de ces derniers pour superviser efficacement l’adoption de l’IA restent largement insuffisantes, comme le signale une étude récente de Deloitte. Cette enquête révèle un manque criant de compétences, soulignant la nécessité pour les entreprises de renforcer leur expertise et leur approche stratégique de l’IA.

Une expertise limitée des conseils d’administration en IA

L’étude de Deloitte indique que seuls 2 % des membres des CAs estiment disposer des compétences nécessaires pour superviser efficacement l’adoption de l’IA générative. Cette statistique démontre que la majorité des dirigeants se trouvent aujourd’hui dans une position de faiblesse, face aux technologies d’IA.

Le rapport met en avant que trois quarts des répondants (79 %) reconnaissent que leurs conseils d’administration ont des connaissances limitées, minimales, voire inexistantes, en matière d’IA. Ce manque d’expertise restreint considérablement leur capacité à prendre des décisions informées et à évaluer les risques et les opportunités liés à l’IA.

L’IA, encore absente de l’ordre du jour pour la majorité des entreprises

L’enquête de Deloitte Global révèle que 45 % des 468 membres de conseils d’administration et cadres supérieurs interrogés admettent que l’intelligence artificielle n’est pas à leur ordre du jour.

Cette absence souligne un décalage inquiétant entre l’évolution rapide des technologies et l’implication stratégique des entreprises. Traiter l’IA comme une priorité devient donc une urgence pour les CAs : pour ne pas se mettre dans une position de vulnérabilité par rapport à leurs concurrents plus proactifs.

L’adoption de l’IA dans les processus internes, est encore à ses débuts. D’après l’étude de Deloitte, seulement 3 % des compagnies se déclarent entièrement prêtes à intégrer l’IA dans leurs processus de recrutement. Cette réticence à embrasser l’IA dans des domaines sensibles peut s’expliquer par la peur de biais algorithmiques ou par un manque de confiance dans la technologie. Pourtant, l’IA a le potentiel de rendre les méthodes de sélection plus efficaces et plus objectives. Pour que l’IA atteigne son plein potentiel dans les entreprises, les conseils d’administration doivent non seulement renforcer leur compréhension de cette technologie, mais aussi adopter des politiques claires et des pratiques éthiques pour garantir son utilisation responsable.

 Un besoin urgent de formation et de sensibilisation

Avec 79 % des conseils manquant d’expérience en IA, » investir dans des programmes de formation et de sensibilisation pour combler ces lacunes devient crucial. Ils doivent se familiariser avec les différents types d’IA, comprendre les implications de l’IA générative, et apprendre à évaluer les risques éthiques et réglementaires liés à ces technologies.

 Une culture de transparence et de responsabilité

L’intégration de l’IA dans les processus de l’entreprise ne peut se faire sans un cadre éthique rigoureux. Deloitte insiste sur la nécessité de promouvoir une culture de transparence et de responsabilité autour de l’IA, ce qui exige un engagement proactif de la part des conseils d’administration. Cette culture inclut la mise en place de protocoles de surveillance et d’audit des systèmes d’IA pour garantir leur traçabilité. Ils doivent veiller à ce que les décisions prises par l’IA soient expliquées de manière claire et compréhensible, particulièrement dans des domaines critiques comme la finance, la santé ou les ressources humaines. Cela renforce la confiance des équipes et réduit le risque de dérives éthiques.

Un équilibre entre innovation et prudence

L’étude de Deloitte Global se penche également sur le rythme idéal d’adoption de l’IA. L’intégrer trop rapidement, sans une compréhension approfondie, peut entraîner des erreurs coûteuses. D’un autre côté, une appropriation trop lente peut freiner l’innovation et désavantager la société face à des concurrents plus agiles. Pour trouver cet équilibre, les conseils d’administration doivent collaborer étroitement avec les experts en technologie de l’entreprise. Ils doivent évaluer les impacts de l’IA sur la culture organisationnelle et instaurer une gouvernance qui permet une adoption progressive et contrôlée.

L’importance de la collaboration avec les parties prenantes externes

L’intégration de l’IA dans les entreprises ne peut se faire en isolation. Les conseils d’administration doivent collaborer avec des parties prenantes externes, y compris les régulateurs, les organisations de consommateurs et les experts en éthique, pour construire une gouvernance de l’IA qui respecte les normes de la société. Cette coopération peut aider les CAs à anticiper les normalisations à venir et à adapter leurs pratiques en amont pour assurer une conformité continue. En travaillant main dans la main avec les experts, les compagnies peuvent non seulement protéger leur réputation, mais aussi intensifier la légitimité et la confiance dans l’IA.

L’adoption de l’IA en entreprise offre des opportunités considérables, mais elle impose également une responsabilité accrue aux conseils d’administration. Les chiffres de l’étude de Deloitte montrent clairement que les CAs sont encore largement sous-préparés pour superviser efficacement cette technologie. Améliorer la formation, renforcer les protocoles de gouvernance, et promouvoir une culture de transparence et d’éthique est donc une nécessité.