Le premier panel de la journée, intitulé « Enabling competition, supporting innovation: the optimal écosystem for AI companies », a rassemblé des personnalités clés du secteur :

  • Adam Cohen (OpenAI)
  • Astri Van Dyke (Google)
  • Benoît Coeuré (Président de l’Autorité de la Concurrence française)
  • Amber Kak (Institut AI Now)
  • Solange Viegas Dos Reis (OVH)

L’un des thèmes centraux du panel a été la régulation de l’IA et son impact sur la concurrence. Benoît Coeuré a insisté sur la nécessité pour l’Europe de maintenir un équilibre entre innovation et régulation, en veillant à ce que les acteurs dominants ne verrouillent pas le marché. Il a évoqué les risques liés à la concentration des infrastructures cloud, où trois géants détiennent 70 % du marché mondial.

Solange Viegas Dos Reis d’OVH a abondé dans ce sens. Elle a mis en lumière les pratiques abusives de certains acteurs du cloud, qui entravent l’émergence de nouveaux entrants et restreignent l’accès aux ressources essentielles à l’innovation en IA.

Amber Kak a souligné un enjeu fondamental : l’accès aux données. Pour elle, le véritable pouvoir en IA réside dans le contrôle des canaux de distribution et des sources de données. Elle a cité l’exemple des grandes plateformes de publicité ciblée qui utilisent l’IA pour maximiser leurs revenus. Ceci au détriment de la diversité des acteurs.

 

Le défi de l’accès aux ressources

L’un des points de friction soulevés par les intervenants est la dépendance des startups vis-à-vis des géants du cloud. Adam de OpenAI a précisé que 90 % des financements levés par les startups IA sont réinjectés dans les infrastructures cloud, souvent détenues par les mêmes entreprises qui dominent déjà le marché. Cette dynamique pose un risque majeur : une dépendance accrue des jeunes entreprises à des infrastructures contrôlées par quelques acteurs, limitant ainsi la diversité et l’innovation dans l’écosystème.

 

La Guerre des Talents

L’un des débats majeurs du panel a porté sur la compétition pour attirer et retenir les talents en IA. Benoît Coeuré a rappelé que la formation en IA est un enjeu clé pour l’Europe, qui souffre encore d’un retard dans la formation des ingénieurs spécialisés. Astri Van Dyke, représentante de Google, a quant à elle souligné que les anciens employés de grandes entreprises tech créent régulièrement des startups valorisées à plusieurs millions d’euros, contribuant ainsi à la dynamique du marché. Cependant, Solange Viegas Dos Reis a mis en garde sur le risque d’une fuite de cerveaux vers les États-Unis. Les conditions de travail et les salaires y sont en effet sont plus attractifs.

 

Investissement public et stratégie européenne

Amber Kak a soulevé une question fondamentale : les investissements massifs des gouvernements dans l’IA bénéficient-ils réellement au public ? Elle a rappelé que malgré les milliards investis dans des infrastructures publiques, 75 % de ces financements sont réinjectés dans des licences détenues par des entreprises privées comme NVIDIA et les grands fournisseurs de cloud.

Benoît Coeuré a insisté sur l’importance d’une stratégie européenne coordonnée, plutôt que des initiatives nationales isolées. Il a cité en exemple l’initiative de la Commission Européenne visant à créer un cloud souverain et des centres de calcul ouverts aux startups.

 

Vers un Écosystème Européen de l’IA ?

Alors que les discussions du panel ont mis en évidence les défis liés à la régulation, l’accès aux ressources et la concurrence, un consensus a émergé sur la nécessité d’une réponse européenne forte et coordonnée. L’open-source a été évoqué comme un levier pour favoriser l’innovation et l’accès équitable aux modèles d’IA. Toutefois, comme l’a souligné Benoît Coeuré, l’open-source seul ne suffit pas à garantir une concurrence équitable, surtout si les infrastructures sous-jacentes restent centralisées.