Laurent Alexandre est un entrepreneur, conférencier et essayiste français, spécialisé dans les thématiques liées à la technologie, l’intelligence artificielle (IA) et les biotechnologies. Diplômé de l’École nationale d’administration (ENA), il est également médecin de formation, ce qui lui confère une expertise transversale dans les domaines de la santé et de l’innovation.

Co-fondateur de Doctissimo en 2000, plateforme majeure d’information sur la santé en France, il a été un pionnier du digital dans ce domaine avant de revendre le site en 2008. Auteur de plusieurs ouvrages, dont L’intelligence artificielle bouleverse l’humanité (2023), il est reconnu pour ses prises de position sur les impacts économiques, sociétaux et éthiques de l’IA et des biotechnologies. Son analyse à la fois prospective et souvent polémique suscite de nombreux débats sur l’avenir de l’humanité face aux bouleversements technologiques.

Une révolution technologique inédite

Laurent Alexandre a livré une analyse approfondie sur les transformations en cours lors d’une conférence donnée en décembre 2024 pour l’Institut EuropeIA. Son discours met en perspective l’évolution rapide des technologies, les défis sociétaux qu’elles posent et les opportunités qu’elles offrent.

Une révolution technologique inédite

Laurent Alexandre a commencé par retracer les grandes étapes de l’histoire technologique. Il a souligné que depuis l’invention du transistor en 1947, les capacités technologiques ont connu une croissance exponentielle. Aujourd’hui, une seule puce peut contenir des milliards de transistors, symbolisant l’évolution rapide de la puissance de calcul. Cette progression continue offre des opportunités sans précédent, notamment dans le domaine de l’IA.

L’IA, selon lui, représente une rupture majeure dans l’histoire humaine. Les sommes investies par des entreprises comme Google, Microsoft et OpenAI illustrent cette tendance. Ces entités consacrent des budgets colossaux pour développer des modèles toujours plus poussés. Laurent Alexandre prévient cependant que cette avancée technologique exige une préparation adéquate de la société.

Les applications révolutionnaires de l’IA

Dans le domaine médical, l’IA a déjà démontré son potentiel. Par exemple, la détermination de la structure tridimensionnelle de millions de protéines, qui aurait pris des décennies à la communauté scientifique, a été accomplie en quelques jours grâce à l’IA. Cette avancée permet des progrès significatifs dans la compréhension de maladies complexes et le développement de traitements personnalisés.

Cependant, cette efficacité soulève des interrogations. Par exemple, des études montrent que l’IA seule atteint des taux de diagnostics médicaux plus élevés que lorsqu’elle est combinée avec des médecins. Cette constatation met en lumière la nécessité de redéfinir le rôle des professionnels de santé pour qu’ils collaborent fructueusement avec ces outils.

Transformation des modèles économiques et sociétés

Laurent Alexandre a également abordé l’impact économique de l’IA. Selon lui, certaines entreprises pourraient à terme fonctionner sans aucun employé, reposant uniquement sur des systèmes automatisés. Cette réalité soulève des questions sur l’avenir de l’emploi et la nécessité de revoir les modèles économiques traditionnels.

L’expérimentation autour du revenu universel, évoquée lors de la conférence, illustre les limites actuelles des solutions envisagées. Contrairement aux attentes, cette mesure n’a pas incité les participants à se former, mais a entraîné une augmentation de la consommation de substances liées au stress. Laurent Alexandre insiste sur l’importance de la formation pour permettre une complémentarité entre les humains et l’IA, au lieu de chercher à remplacer les emplois.

Les enjeux éthiques et philosophiques

L’IA soulève également des questions éthiques majeures. Les avancées dans la manipulation génétique et les implants neuronaux en sont des exemples. Aux États-Unis, certaines entreprises proposent déjà des services permettant de sélectionner les caractéristiques intellectuelles des embryons, ce qui pourrait créer des inégalités profondes entre les sociétés qui adoptent ces technologies et celles qui les rejettent.

Laurent Alexandre mentionne encore le développement d’implants neuronaux, comme ceux offerts par Neuralink, destinés à augmenter les capacités cognitives humaines. Ces technologies, bien que prometteuses, posent des dilemmes sur leur impact potentiel sur l’humanité et sur les écarts qui pourraient surgir entre ceux qui en bénéficient et les autres.

L’urgence d’une préparation collective

Laurent Alexandre appelle à une réflexion politique et sociétale profonde. Il affirme que les institutions actuelles ne sont pas prêtes à faire face à ces bouleversements. Il souligne que la formation des dirigeants, des enseignants et des décideurs est essentielle pour tirer parti des opportunités offertes par l’IA.

Dans ce contexte, il plaide pour que des territoires comme la région de Nice, avec ses atouts en matière de qualité de vie et d’écosystèmes technologiques, deviennent des centres d’excellence. Il insiste également sur le rôle des universités et des écoles pour favoriser une recherche de pointe et attirer les talents mondiaux.

Un avenir plein de promesses et de risques

Malgré les inquiétudes, Laurent Alexandre se montre optimiste quant aux opportunités créées par l’IA. Il évoque des scénarios où les humains collaborent avec des systèmes intelligents pour résoudre des problèmes mondiaux, tels que les pandémies, les changements climatiques et les inégalités sociales. Il estime que ces technologies peuvent également prolonger l’espérance de vie et améliorer la qualité de vie.

Cependant, il met en garde contre les dangers d’une adoption non réglementée. Les risques incluent la perte d’emplois, les disparités économiques accrues et l’usage étendu de l’IA à des fins militaires ou contraires à l’éthique.

Conclusion

La conférence de Laurent Alexandre a offert une vision éclairée et nuancée sur les impacts de l’IA. Si cette technologie promet d’ouvrir des horizons inédits, elle exige aussi des choix cruciaux. Pour relever ces défis, une approche collaborative et prévoyante s’impose. L’avenir dépendra de la capacité des individus, des institutions et des territoires à s’adapter à ces mutations.