Serge Kinkingnéhun incarne une approche originale et réfléchie de l’entrepreneuriat dans le secteur des technologies médicales. Docteur en sciences et entrepreneur français, il s’est forgé une carrière en combinant ses compétences en imagerie informatique, sciences cognitives et management.

Après avoir obtenu un Bachelor en biochimie aux États-Unis, Serge Kinkingnéhun a poursuivi ses études en France, notamment en neuro-imagerie et sciences cognitives. En 2008, alors qu’il travaillait à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en tant qu’ingénieur de recherche, il fonde EyeBrain, sa première start-up. Cette entreprise développe des dispositifs médicaux basés sur l’analyse des mouvements oculaires pour le diagnostic des maladies neurologiques et psychiatriques.

La cession d’EyeBrain en 2015 marque une étape importante dans sa carrière. Serge Kinkingnéhun rejoint alors l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM) en tant que responsable du développement des technologies médicales. Cette mission lui permet de valoriser les innovations issues de la recherche, soit par le biais de brevets, soit par la création de start-ups.

En 2018, il cofonde Hephaï, une start-up spécialisée dans l’éducation thérapeutique numérique, avant de revendre ses parts en 2024. Depuis, il se consacre au mentorat et à l’accompagnement de start-ups dans le domaine des medtechs, collaborant avec des structures telles qu’Imperial College, EIT Health, et Bpifrance.

 

La « stratégie du cafard » : une alternative aux modèles traditionnels

Dans son ouvrage « La stratégie du cafard » publié en 2024, Serge Kinkingnéhun propose une approche pragmatique et résiliente de l’entrepreneuriat. Inspiré par la capacité du cafard à survivre dans des environnements hostiles, il valorise un modèle d’entreprise robuste, adaptatif et frugal, en opposition aux « licornes », ces start-ups qui misent tout sur des levées de fonds spectaculaires.

Selon lui, les sociétés doivent privilégier l’autofinancement, optimiser leurs ressources et viser des bases solides pour faire face aux crises économiques. Ce modèle repose sur trois piliers principaux :

  1. Trouver ses premiers clients : il recommande de cibler des clients prêts à payer rapidement, même s’ils ne sont pas les clients finaux. Cette stratégie permet de générer des revenus dès les débuts de l’activité.
  2. Maximiser l’effet de levier : en s’appuyant sur des méthodes de financement alternatives comme le crowdlending ou les subventions, les start-ups peuvent limiter leur dépendance aux investisseurs traditionnels.
  3. Optimiser la rentabilité : une gestion rigoureuse des coûts et des bénéfices est essentielle pour assurer une croissance durable.

Un modèle d’entreprise résilient

La stratégie du cafard encourage les entrepreneurs à éviter les levées de fonds excessives qui mènent à une dilution du pouvoir des fondateurs. Il insiste sur l’importance de conserver un contrôle sur sa vision et sa stratégie.

Il illustre cette approche par ses propres expériences : lors de la gestion de ses start-ups, il a utilisé des solutions alternatives pour financer ses projets, notamment en réintégrant les bénéfices au capital social. Cette pratique renforce la crédibilité de l’entreprise auprès des financeurs tout en évitant une dilution. Cette vision résiliente et adaptative, basée sur l’autonomie et la prudence, offre une alternative bienvenue dans un monde où les « licornes » dominent souvent le discours entrepreneurial. En valorisant des stratégies concrètes et applicables, Serge Kinkingnéhun montre que le succès ne se mesure pas seulement en levées de fonds, mais aussi en pérennité et impact durable.

 

L’usage de l’IA dans les medtechs

Serge a intégré l’intelligence artificielle dans ses projets pour répondre à des besoins médicaux précis. Avec Hephaï, il a contribué au développement d’applications qui analysent les gestes et les sons des patients asthmatiques. Le but est de les aider à mieux utiliser leurs inhalateurs. Ces innovations, basées sur l’analyse d’image et les modèles prédictifs, améliorent la prise en charge des patients tout en réduisant les erreurs.

Aujourd’hui, il accompagne d’autres start-ups qui explorent les capacités de l’IA générative pour des logiciels variés, telles que la préparation des dossiers médicaux ou l’analyse des appels d’urgence pour SOS Médecins. Il met toutefois en garde contre les enjeux éthiques et la gestion des données sensibles, insistant sur l’importance d’utiliser des plateformes sécurisées.

 

Conseils pour les PME et start-ups

Face aux PME et start-ups hésitantes à intégrer l’IA, Serge Kinkingnéhun recommande d’aborder cette technologie sans crainte, mais avec discernement. Comprendre les possibilités et les limites de l’IA est crucial pour éviter des erreurs stratégiques. Il encourage également l’adoption d’outils d’IA pour optimiser les processus et stimuler l’innovation, tout en restant vigilant aux régulations comme le RGPD.